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"Il incarne la réussite et les échecs de la recherche publique : le CNRS, paradis des sciences «molles» qui coûte cher, très cher", Le Figaro Magazine


Article paru le 25 octobre dans le Figaro Magazine et à lire sur le site internet du Figaro, par Judith Waintraub.


Extraits :


"L'anthropologue Florence Bergeaud-Blackler, qui étudie le monde musulman, en sait quelque chose. « Le champ de la recherche dans ce domaine est dominé par le courant décolonialiste, affirme-t-elle. Quand on ne s'en réclame pas, on n'avance pas en matière de carrière, et trouver des financements est très difficile. » Depuis qu'elle a réussi le concours de titularisation du CNRS, en 2013, Florence Bergeaud-Blacker a travaillé dans des laboratoires à Aix-en-Provence puis aujourd'hui à Paris.


Elle est donc salariée, mais n'a jamais obtenu de crédits de recherche de ou grâce à l'institution. L'explication est simple : « Les lignes budgétaires sont ouvertes en conseil de laboratoire, dont les membres sont soit élus, soit nommés, mais surtout se cooptent entre eux. » Phénomène aggravant, « à partir des années 1990, les puissances du Golfe se sont mises à acheter des recherches, en finançant des projets notamment via l'Agence nationale de la recherche (ANR). ». Autant dire que ni ses travaux sur « Le marché halal ou l'invention d'une tradition »(1), ni ceux sur « Le frérisme et ses réseaux »(2) n'avaient une chance de séduire ce genre de donateurs ! Son enquête lui a en revanche valu des menaces de mort, y compris publiques. Elle est aujourd'hui encore protégée, mais ni le CNRS, ni son laboratoire ne lui ont jamais adressé de message de soutien. Florence Bergeaud-Blackler aurait pu couler des jours heureux au CNRS si elle s'était attaquée à un sujet moins sensible. Comme par exemple les riches et leurs travers, passion exclusive de son ex-collègue Monique Pinçon-Charlot.


(1) Le Seuil, 272 p., 21 €.

(2) Odile Jacob, 416 p., 19,99 €."



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