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Une anthropologue française appelle à interdire le voile pour les filles de moins de 18 ans !, Jyllands Posten (DK)

Dernière mise à jour : il y a 7 jours


Article de Niels Lillelund, publié le 8 décembre 2024 dans le journal danois Jyllands-Posten.



Article by Niels Lillelund, published on December 8, 2024, in the Danish newspaper Jyllands-Posten. The English version is available for download as a PDF below:





Une anthropologue française appelle à interdire le voile pour les filles de moins de 18 ans !


Le livre de Florence Bergeaud-Blackler, "Le Frérisme et ses réseaux, l'enquête", a suscité un vif débat en France comme au Danemark. Nous avons rencontré l'auteure lors de son séjour au Danemark, à l'invitation de Kaare Dybvad Bek (S), ministre de l’Immigration et de l’Intégration.


Ce n’est que lorsque je pose la question fondamentale et révolutionnaire qu’elle élève la voix, mais elle ne laisse alors aucun doute. La question est bien sûr celle de Lénine : « Que faire ? » Elle y répond sans hésitation.


Elle parle doucement en anglais, avec un peu de français mélangé, et sa voix est presque entièrement noyée par le bruit assourdissant de la machine à café, accompagné par une équipe de charpentiers armés de tronçonneuses et de très gros marteaux. Ce n’est pas idéal.


Mais Florence Bergeaud-Blackler sait ce qu’il faut faire, même si la question est contre-révolutionnaire plutôt que révolutionnaire, car l’anthropologue française est au Danemark pour mettre en garde contre une révolution silencieuse, presque imperceptible.


Elle publie actuellement son ouvrage controversé sur le « Frérisme » et a été invitée au Danemark par le ministre de l’Immigration et de l’Intégration, Kaare Dybvad Bek (S), qui a organisé un séminaire où elle était l’intervenante principale. Elle a à peine le temps de me parler, car elle est sur le point de rencontrer le maire de Copenhague chargé de l’Intégration. Mais elle apprécie d’être au Danemark, car le PET (les services de renseignement danois) a estimé qu’elle y était en sécurité, ce qui n’est pas le cas en France, où elle doit être protégée en permanence par crainte des terroristes islamistes.


« Mon livre porte principalement sur la France, mais il peut être appliqué plus ou moins facilement à d’autres pays européens, y compris le Danemark. C’est pourquoi j’ai également suivi avec intérêt l’étude de Jyllands-Posten sur l’état d’esprit de nos concitoyens musulmans. »


Le « Frérisme » est un concept qu’elle a élaboré à partir de ses études sur les Frères musulmans et leur influence. Fondée au Caire en 1928, la confrérie a été interdite plus tard en Égypte. Elle reste interdite dans certains pays, agit comme un parti politique ouvert dans d’autres et opère de manière plus clandestine ailleurs. Dans le livre phare de Lawrence Wright, *The Looming Tower*, qui retrace les événements ayant conduit aux attentats du 11 septembre 2001 (adapté par la suite en série télévisée), l’histoire s’appuie sur l’emprisonnement et la libération de leaders des Frères musulmans.


Bergeaud-Blackler écrit dans son livre : « L’accent est mis sur la collaboration avec les institutions politiques, les décideurs et les groupes d’intérêt pour gagner en influence et s’imposer dans la vie publique. Le plan doit s’accompagner d’une couverture médiatique aussi positive que possible pour l’organisation, en évitant les conflits ouverts et en s’adaptant de manière pragmatique aux réalités sociales et politiques du pays concerné. Cependant, le plan inclut également des objectifs politiques et sociaux visant à établir un ordre social basé sur la charia. »


En France, le président Macron l’a faite chevalière de la Légion d’honneur en reconnaissance de son travail. D’autres, cependant, menacent sa vie. Et dans de nombreux endroits, elle a été vivement critiquée.


Chez nous aussi, elle suscite des réactions très contrastées.

Des chercheurs danois ont critiqué son livre, en particulier ses notes. D’autres ont qualifié ces critiques de pinaillage avec une intention claire. L’auteure, quant à elle, a menacé d’intenter des poursuites judiciaires.


Florence Bergeaud-Blackler est satisfaite de la conférence à Copenhague, mais estime que l’ambassadeur de Turquie a agi de manière impolie en se plaignant de la composition du panel.

« Cela pourrait mener à une crise diplomatique.

Je ne comprends pas pourquoi Kaare Dybvad Bek soutient cette ingérence dans les affaires intérieures danoises. »


Son livre repose sur 30 ans d’étude des mosquées et de ce qu’elle appelle l’industrie du halal.

Ce qui peut sembler un terme polémique est en réalité une expression très neutre pour désigner la grande et croissante industrie associée à la production de produits pouvant être qualifiés de halal (permis).


Nous connaissons les Frères musulmans, mais qu’est-ce que le « Frérisme » ?

« Le Frérisme est mon terme pour désigner l’idéologie mondiale et internationale qui s’est développée à partir des Frères musulmans. Tout comme on ne peut réduire le communisme au Parti communiste. Des personnes peuvent avoir des idées marxistes ou communistes sans être membres du parti, ni même voter pour lui. L’objectif des Frères musulmans est un califat mondial, et mon livre traite de la manière dont leurs idées se propagent. Ils disent très clairement ce qu’ils veulent, et ils l’expriment dans des centaines de livres. Alors pourquoi ne pas les croire ? Ce n’est pas une théorie du complot. »


Et pourtant, on vous accuse souvent d’être une théoricienne du complot ?

« Oui, car les gens préfèrent ne pas parler de cela quand il s’agit de l’Europe. Pourtant, les Frères musulmans sont très clairs sur leurs objectifs et leurs intentions. »


Mais si je vais chez mon épicier musulman, connaît-il les Frères musulmans ?

« Oui, s’il les lit. »

Personne ne lit de nos jours.

« Vous devez comprendre que les Frères musulmans ont mauvaise réputation parmi les musulmans qui n’aiment pas que leurs actions soient jugées comme halal ou haram.

Mais en même temps, ils subissent l’influence des Frères, car au fond, ils pensent que les Frères sont de meilleurs musulmans qu’eux. Les Frères les culpabilisent en leur disant qu’ils ne pratiquent pas un islam authentique. Les Frères musulmans croient en la suprématie des musulmans et ne toléreront aucune forme d’islam qui ne partage pas cette conviction, tout en se présentant comme inclusifs. »


Dans votre livre, vous désignez 1989 comme une année charnière. L’année de la chute du Mur, mais aussi de la fatwa contre Rushdie, qui a marqué une expansion de la sphère d’intérêt de l’islam ?

« Oui. Les Frères se présentent comme une élite islamiste capable de vivre en conformité avec le texte et son contenu. D’une certaine manière, je les vois comme une sorte de VIP islamiques.

J’utilise ce terme pour développer les trois dimensions : Vision, Identité et Plan. Une vision selon laquelle l’histoire mondiale commence avec le prophète et se termine avec le califat, la domination de l’islam sur la planète. »


Une identité supranationale qui prime sur tout le reste. Vous pouvez être Français ou Danois, mais vous êtes avant tout musulman. Et enfin, le plan : les Frères musulmans sont là pour guider l’humanité, étape par étape, selon le plan où Mahomet est l’exemple à suivre.


Travail de terrain

Florence Bergeaud-Blackler a passé de nombreuses années à travailler sur le terrain, principalement en France. Elle décrit ses expériences dans les mosquées, les associations et les familles. Dans son livre, elle jette un regard incisif sur ce qui se passe au sein de l’Union européenne et de ses institutions.


Ainsi, son ouvrage s’inscrit directement dans le débat autour de la « troisième prise de conscience » évoquée par Frederik Vad.

Cette idée repose sur le fait qu’il existe des personnes issues de minorités ethniques qui semblent bien intégrées, avec un emploi et une éducation, mais qui, en réalité, se trouvent mentalement en dehors de la société et utilisent leur position pour saper la société danoise de l’intérieur.


L’existence de véritables stratégies et plans d’action pour les Frères musulmans ne sort pas de nulle part. Par exemple, en 2009, la police allemande a pu saisir un « plan quadriennal » des activités des Frères en Europe.

« Ce plan est juste un indice parmi d’autres. Et ce ne sont pas tous des plans secrets. Youssef El Qaradawi, leur mentor en Europe, explique la démarche très clairement. Les documents que j’ai trouvés confirment mon hypothèse selon laquelle ce projet est bel et bien suivi. C’est un mouvement secret, donc vous ne trouverez pas d’adresse des Frères musulmans ici en Europe, mais vous trouverez de nombreuses autres organisations liées à eux et diffusant leur idéologie. Au Moyen-Orient, ils sont devenus plus visibles car ils voulaient agir politiquement, mais cela leur a valu d’être interdits. Rester dans l’ombre est plus efficace, mais leur influence est évidente. Et deux éléments renforcent particulièrement le Frérisme : l’industrie du halal et le concept d’islamophobie, développé et exploité par les Frères depuis les années 1990. »


Que faut-il faire, selon Florence Bergeaud-Blackler ?

« Deux choses importantes doivent être faites pour empêcher l’influence croissante de l’islam dans les sociétés européennes. Il faut interdire le port du voile pour les filles de moins de 18 ans. C’est absolument crucial. Aucun système islamique ne peut exister sans la division genrée du travail et de l’espace. C’est le principal objectif de l’imposition du voile aux femmes. L’imposer dès l’enfance signifie que la femme adulte ne pourra pas l’enlever sans se sentir nue ou honteuse. C’est une forte endoctrination de l’esprit et du corps. »


En France, le port du voile est déjà interdit dans les écoles strictement laïques, mais cela provoque de plus en plus de conflits. En Turquie, où 99 % de la population est musulmane, le débat sur le voile reste tout aussi central. Avec environ 60 % des femmes portant le voile, il a été interdit pendant de nombreuses années de le porter dans les institutions publiques, car l'armée imposait l'idéal de l'État laïque. Ce n'est qu'en 2013 que l'interdiction du voile a été levée en Turquie.

Au Danemark, la Commission pour le combat oublié des femmes a proposé d’interdire le port du voile dans les écoles primaires danoises, ce qui a déclenché un débat passionné.


Une interdiction du voile est un message assez fort, et beaucoup diront que les gens devraient pouvoir porter ce qu’ils veulent.« Le voile peut être interdit parce qu’il s’agit d’un acte politique. Et la deuxième chose à faire est de protéger les apostats qui, actuellement, sont persécutés ; ils doivent se voir garantir la liberté de suivre leur conscience. »



En bref : FLORENCE BERGEAUD-BLACKLER

  • 60 ans, née à Bordeaux.

  • Anthropologue et chercheuse affiliée au CNRS.

  • Spécialiste de l’islam dans les sociétés laïques, des méthodes d’endoctrinement islamiste, et du marché halal.

  • Lauréate du Prix Science et Laïcité en 2023 pour le Frérisme et ses réseaux, l'enquête, qui a également fait d’elle une cible pour les islamistes.

  • Chevalier de la Légion d’honneur depuis juillet 2024.



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