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Rapport sur l’islam politique : un nouveau ministre arrive à l’intérieur







Atlantico.fr : Qu’est-ce que ce rapport nous apprend sur la progression de l’Islam politique en France et de ses modalités ?

Guylain CHEVRIER : Il contribue à une prise de conscience sur la question de l’islamisme, de l’islam politique qui est derrière. Il prolonge la note interministérielle, pilotée par Matignon en février dernier, en vue d’accentuer la lutte contre le communautarisme. On y parlait déjà d’un projet politique de sécession » à l’œuvre dans certains quartiers. Il était question d’une « stratégie d’entrave » face à la montée de l’islamisme. Note dont s’était inspiré le Président de la République, mais en étant passé de la « radicalisation » au « communautarisme » puis, au « séparatisme », préférant ainsi parler de l’effet que de la cause, pour modérer un propos qui mettait au centre, inévitablement, certaines dérives religieuses de l’islam. Avec ce rapport du Sénat, il en va tout autrement, on sort véritablement du déni.

Présidée par la sénatrice RDSE, Nathalie Delattre et conduite par la rapporteure LR, Jacqueline Eustache-Brinio (LR, Val-d’Oise), la commission d’enquête après 8 mois de travaux et plus de 60 personnes auditionnées (associatifs, chercheurs, ministre de l’Intérieur, de l’Éducation nationale et des Sports, rend un constat sans appel : « Une minorité de la population française de confession musulmane tend à adopter un comportement dont l’intransigeance prend prétexte de la religion » pour justifier « d’imposer une norme religieuse au-dessus des lois de la République » relève Nathalie Delattre. On pointe un « islamisme radical polymorphe, s’insinuant dans tous les aspects de la vie sociale et qui tend à imposer une nouvelle norme sociale en se prévalant de la liberté individuelle ». « Aujourd’hui, en France, on assigne à résidence des gens au nom d’une norme religieuse. On ne peut pas l’accepter. C’est maintenant ou jamais qu’il faut réagir », alerte la rapporteuse Jacqueline Eustache-Brinio.

La commission alerte contre « la diffusion des comportements qui remettent en cause le vivre ensemble et portent atteinte directement à la liberté de conscience, à l’égalité entre les hommes et les femmes et aux droits des personnes homosexuelles ». Elle a pu rappeler que « La France, qui n’est pas un assemblage de minorités mais une nation, ne peut avoir de doctrine d’accommodement raisonnable ». Une doctrine pourtant en vogue depuis bien trop longtemps. 

On en resitue les enjeux dans le contexte d’une France qui « se trouve prise dans un mouvement mondial ». Avec cette prise de conscience que notre pays peut être « plus exposé » à ce risque « en raison de son passé colonial dans des pays à majorité musulmane » Ce qu’il faut entendre, c’est aussi que notre immigration a une dominante de ce côté qui donne à cette problématique un relief particulier, à ne pas sous-estimer. Evoquant en creux l’exigence de la maitrise des flux migratoires. Autre aspect ici, le fait que ce passé colonial soit aussi un élément argumentaire de tout un courant identitaire qui le récupère pour rejouer l’affrontement sur cette question, qu’à su dépasser notre République d’ailleurs, non sans contradictions. Mais pas en séparant, en unissant finalement autour de ses valeurs et principes communs, ce que certains ne supportent pas, car c’est un barrage à la fragmentation d’un multiculturalisme politique qu’ils veulent, qui est le contraire de notre République. 

Elle prend l’exemple du témoignage d’un responsable d’écoles privées musulmanes qui lors de son audition aurait dit : « on s’est battu longtemps pour avoir des mosquées. Maintenant, on se bat pour avoir des écoles. Et je lui ai dit que la prochaine fois ce serait des mairies. Donc dire, qu’il n’y a pas un projet politique derrière. C’est faux. » N’oublions pas, face à cela, ce que notre République garantit : l’égalité de traitement de chacun devant la loi, la protection de l’autonomie de la personne dans ses choix contre toute tentative de captation de sa volonté par un groupe, la protection de la liberté du citoyen face au risque qu’elle disparaisse derrière une communauté d’intérêt particulier la privatisant, la clientélisant. Sans compter avec le risque d’affrontement que cela peut laisser craindre, car derrière les murs du communautarisme les endoctrineurs peuvent agir à leur gré. Ceci, comme on l’a vu dans plusieurs pays dont l’Algérie avec la guerre civile qui en a résulté dans les années 90, suite à la démocratisation du pays et l’utilisation qui en a été faite par les meneurs de l’islam politique. Nous devons redoubler de vigilance comme ce rapport nous y invite. 

Florence BERGEAUD-BLACKLER : J’ai été moi-même auditionnée par cette Commission. Je n’ai pas lu le rapport final mais un certain nombre de verbatim d’auditions d’acteurs de terrain, de journalistes, chercheurs, élus, haut fonctionnaires. Son objectif était de mettre en lumière la manière dont l’islamisme s’est diffusé  en France et de faire des propositions. Certes, des travaux universitaires et d’autres commissions avaient pointé l’existence de formes discrètes d’entrisme islamiste, se faisant l’écho d’inquiétudes que les élus et citoyens sont de plus en plus nombreux à partager, mais dont ils n’osent pas parler de peur d’être traités d’islamophobes ou de racistes. Ici les sénateurs se sont emparés de cette question laissée habituellement à l’extrême droite pour la recentrer dans le débat public. La présidente et la rapporteure ont eu le courage de s’interesser moins au pourquoi qu’à la question plus délicate du comment l’islam politique se déploie dans les territoires, et de ne pas s’en tenir uniquement à sa forme jihadiste. 

Il est en effet essentiel de se demander non pas si des islamistes agissent sur notre sol, car c’est un fait depuis plus de trente ans, mais comment ils agissent, selon quelles méthodes, avec quels objectifs, quelles stratégies, quels moyens et last but not least, avec quels appuis non islamistes. 

Ces auditions ont été parfois douloureuses pour notre démocratie républicaine et laïque. On a appris que des élus républicains de tous les partis s’allient avec des associations liées aux salafistes notamment dans le domaine éducatif, que des universitaires facilitent l’entrée dans les institutions académiques à des proches des Frères Musulmans. Que nos institutions républicaines sont démunies face à ces pratiques par manque de compréhension des enjeux autant que de moyens.

La corruption accompagne un renversement des valeurs parfois stupéfiants.  On découvre que des mouvements féministes, LGBTQ qui sont pourtant menacés par les radicaux islamistes défilent aux même manifestations qu’eux,  que des militants extrême-gauche anti-fascistes qui se disent rebelles à toutes formes de pouvoir autoritaire se font les porte- valises dociles des islamistes sous prétexte que ces derniers seraient racisés.

Les auditions ont bien mis en évidence la diffusion et la pluralisation des formes d’entrisme qui concernaient uniquement les mosquées et institutions islamiques, puis qui se sont diversifiées atteignant en profondeur : le tissu associatif sous couvert d’aide aux devoirs, d’alphabétisation, de culture ou de sport ; le tissu économique sous couvert de nourriture halal ; l’espace politique sous couvert de luttes anti-racistes. Que les Frères soient aux portes du pouvoir,  formule lancée par Zineb El Rhazoui, est peut être choquant. C’est pourtant vrai à l’échelon local. Les islamistes atteignent les partis politiques notamment à gauche chez les LFI  ou chez les Verts. 

Cet entrisme n’est en aucun cas une fiction. Ce n’est d’ailleurs pas une spécificité française, ce phénomène existe  partout en Europe, en Belgique, en Suède, aux Pays-Bas, en Italie etc, avec d’excellents résultats si on considère le ratio influence/individu. Car les Frères de la confrérie ne sont pas très nombreux, mais ils ont patiemment travaillé pendant trente ans et bénéficient d’une aura et une autorité sans partage auprès des familles musulmanes et notamment des jeunes femmes et hommes qu’ils savent très bien faire travailler pour eux. 

La question n’est plus de savoir si l’islamisme (qui désigne les très nombreux groupes de l’islam politique influencés, côté arabe, par le fondateur des Frères Musulmans Hassan el Banna, et côté pakistanais par le fondateur de la Jam’at Islami, Mawlana Mawdoudi) agit en France, mais bien comment il agit, quelles sont ses intentions et surtout quelles tendances l’animent. 

Car à l’intérieur de l’islamisme, si toutes les tendances appellent de leur vœu l’instauration d’un califat mondial, toutes ne revendiquent pas de l’imposer par la violence. D’autres leviers sont actionnés pour instaurer une « société islamique » dans une société capitaliste démocratique plurireligieuse et notamment les plus rentables : l’éducation et le marché. 

L’UOIF Musulmans de France et la plateforme Les Musulmans représentent des versions politiques fréristes très agissantes en France (1ère et 2° génération), elles ne prônent pas la violence physique et se distinguent de la frange jihadiste, mais travaillent à séparer le bon grain de l’ivraie, les vrais musulmans, de ceux qui ne le sont pas ou plus à leurs yeux. Ils ont su se rendre fréquentables et même appréciables, grâce à de très bonnes méthodes de recrutement, un sens des affaires, un

opportunisme à toute épreuve, une confraternité très encadrée, une grande maitrise des codes politiques et religieux locaux. La stupeur qui s’est emparée de la société française lors des attaques terroristes a fait le reste. Les méthodes ultra violentes des jihadistes ont donné l’illusion que les Frères sont des pacifistes. Et on leur a même donné de l’argent public pour dé-radicaliser les jihadistes. 


Il leur suffit de condamner verbalement la violence pour qu’on n’aille ni les lire ni les écouter. Si on le faisait, si on les prenait au sérieux, on verrait alors qu’ils ont fait jusqu’à présent tout ce qu’ils ont dit qu’ils feraient il y a quarante ans : tout faire pour que les musulmans ne s’intègrent pas à un système qui ne les reconnaitrait pas en tant que tels et les empêcheraient de vivre selon la règle islamique. Et donc  aussi ouvrir le chemin aux formes violentes de jihadisme.

L’Union Européenne est un important financeur de ces groupes frériste, mais cet aspect n’a pas été abordé dans les auditions, de même que le rôle des femmes n’a pas été suffisamment souligné à mon sens, ce qui est dû à un déficit d’études sur ce sujet.

La récente déclaration, au Sénat du nouveau Ministre de l’intérieur Darmanin, concernant ses origines immigrées, peut-elle être considérée comme un épiphénomène de la frilosité de la classe politique sur ce sujet ? Pourquoi un tel laxisme ?

Guylain CHEVRIER : Tout d’abord, il s’est exprimé lors des questions au gouvernement pour juger que « l’islam politique » était un « ennemi mortel pour la République », en appelant à lutter « contre toute forme de communautarisme ». Tout en rappelant, comme ministre de l’Intérieur qui gère aussi les cultes, à la sénatrice Jacqueline Eustache-Brinio, qui l’interrogeait que : « La laïcité n’est pas la négation de [la] liberté des cultes. » Chose que l’on savait, méthode qui fait écho à ce « en même temps » propre à la majorité présidentielle, qui laisse beaucoup de marge d’interprétation entre les deux. D’ailleurs, pour couper court, il a dans ce contexte cru bon de faire jouer son héritage familial, en se disant « très fier de l’assimilation française ». Pour dire que « Mon grand-père priait Allah et portait l’uniforme de la République […] Oui à des Français, quelle que soit leur couleur de peau et quelle que soit leur religion », a-t-il souligné, avant de rappeler que son deuxième prénom était « Moussa ». Un argument d’autorité compensant sans doute la fragilité de son discours. 

Il est d’ailleurs apparu un désaccord de la commission d’enquête avec « le chef de l’État et le Gouvernement » continuant « « d’œuvrer pour la structuration de la religion musulmane en France, en dernier lieu en utilisant le levier du financement ». L’Association musulmane pour un islam de France (AMIF) dont l’un de ses membres, Hakim El Karoui a été auditionné par la commission, a pour ambition de jouer un rôle de régulateur de collecte de fonds, pour les « socialiser » en travaillant « à la formation des imams et lutter contre toutes les formes de haine » Mais on peut s’interroger tout d’abord du fait que nos gouvernants puissent considérer que le rôle dévolu à l’Etat soit d’accompagner l’organisation d’un culte, tel que Monsieur Castaner, alors ministre de l’Intérieur, l’avait confié pour dire que cela relevait du rôle de la laïcité (sic !). Une grave confusion que cette commission a tenté de lever. On peut aussi s’interroger qu’on investisse autant dans la croyance qu’il suffirait de maitriser des fonds et de former des imams pour lutter contre la radicalisation, la haine religieuse. 

C’est à la République, en prenant des mesures fortes, de se faire respecter. Comme contre la propagande salafiste qui a conquis trop de nos quartiers, tendance fondamentaliste religieuse en totale opposition avec nos principes républicains, une façon de vivre strictement copiée sur celle du prophète et donc, selon des principes de vie sociale du VIIe siècle, totalement opposés à la démocratie et aux libertés communes, avec l’inégalité hommes-femmes comme principe fondamental, polygamie et burqa à la clé. Une tendance religieuse fondamentaliste et radicale de l’islam, qui aurait dû être interdite en France. Faut-il englober cela avec « la liberté de culte » dont nous parle Gerald Darmanin ? On sait que dans la bonne ville de Tourcoing dont il est maire, les salafistes ont pignon sur rue, avec une mosquée qu’ils lui doivent au moins en partie. On a aussi à l’esprit l’annulation du spectacle « Boudin et chansons », une farce burlesque programmée lors de la fête de la musique en juin 2015, justifié par son Premier adjoint qui explique qu’il ne veut pas « qu’on choque » une partie de la population de confession musulmane et que l’amalgame soit fait avec les apéritifs organisés par l’extrême droite. On voit à quoi on peut se référer pour évoquer le laxisme.

Florence BERGEAUD-BLACKLER : Cette déclaration est sans doute à lier avec le vent de folie racialiste qui souffle sur la France et tous les pays dits occidentaux. La repentance d’individus pour des crimes qu’ils n’ont pas commis produit  des résonnances particulière chez les suprémacistes , ceux qui pensent que leur destin est lié à leurs ancêtres, comme les suprémacistes noirs et les islamistes. Cela les conforte dans leur vision que le blanc, ou le chrétien a des raisons d’expier. 

Rentrer dans ce jeu en vantant ses origines immigrées n’a pas grand sens surtout en France où si l’on remonte jusqu’à cinq générations, une majorité d’entre nous trouvera au moins un étranger. 

Quand le ministre affirme solennellement « l’Islam politique est un ennemi mortel pour la République”, on peut croire qu’il a compris à quoi il a affaire. Mais quand aussitôt il amalgame religieux, politico-religieux et couleur de peau, pour prétendre qu’il les distingue car son grand père musulman a servi sous le drapeau français…on se demande s’il a compris ce qu’est l’islamisme. Mais il est vrai que le sujet est complexe et qu’il vient à peine d’arriver Place Beauvau.

Qu’est-ce que tout cela nous indique sur l’évolution de la vie politique française ?

Guylain CHEVRIER : Jacqueline Eustache-Brinio a aussi interpellé le nouveau ministre de l’Intérieur, sur ce qu’elle nomme l’entrisme communautariste » lors des élections municipales. On a vu des femmes voilées sur les photos de promotion des listes de candidats, comme celle des verts à Strasbourg, coutumiers de façon générale à flatter l’électorat communautaire, qui ont gagné. On banalise le voile, symbole d’un apartheid sexuel, en l’installant jusque dans le décor de nos lieux de pouvoir politique, dans une République qui sépare pourtant le politique du religieux, ce qui ne peut que jeter le trouble sur le sens de nos institutions qui n’avaient pas prévu cela. Le député LREM du Rhône et candidat du parti présidentiel à la mairie de Vénissieux, Yves Blein, a fusionné sa liste avec celle de Yalcin Ayvali, idéologiquement proche de Recep Tayyip Erdogan, pour tenter de gagner l’élection, mais l‘a perdue. On a aussi trouvé sur la liste du candidat Gaël Perdriau, maire sortant et réélu (Les Républicains) de Saint-Etienne, Abdelouahab Bakli, présenté comme « Directeur d’établissement de placement éducatif » et « Président d’association », qui est connu comme ayant été un militant actif au sein de l’UOIF, branche française de l’organisation des Frères musulmans, renommée depuis 2017 « Musulmans de France ».

Parmi les 44 propositions de la commission d’enquête, une large partie consiste « à connaître, suivre et empêcher l’action de l’islam radical ». « Le rétablissement de la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) », qui a été fondue dans celle de la lutte contre la radicalisation. La réactivation de « La police des cultes ». La loi de séparation de 1905 contient un titre entier à ce sujet, relevant d’une intervention de l’Etat qui peut s’avérer nécessaire lorsque des pratiques religieuses à caractère privé viennent empiéter sur les libertés des autres, en créant un trouble à l’ordre public. Le renforcement de « l’infraction d’atteinte à la liberté de conscience, en prévoyant des circonstances aggravantes lorsqu’elle est commise à l’encontre du conjoint ou d’une personne mineure », « le renforcement des moyens humains affectés au renseignement territorial ». Il est aussi question d’« une meilleure formation des élus locaux sur la laïcité, l’islam radical, la gestion du fait religieux et l’appréhension des pratiques communautaire ». A condition que les intervenants retenus par les collectivités territoriales ne professent pas une laïcité dite « ouverte » qui en tord le principe, pour éviter d’aller au conflit sur certaines questions d’accommodements déraisonnables que l’on n’a pas envie de questionner. Par-delà les couleurs politiques, trop d’élections sont gagnées avec une certaine dose de clientélisme communautaire. Il faudrait une impulsion forte de l’Etat pour contrecarrer ce mouvement qui a pris une ampleur inégalée avec les dernières municipales. On ne peut que regretter que les dispositions légales qui obligent un agent municipal à respecter une stricte neutralité ne s’appliquent pas aux élus censés donner l’exemple. Le législateur devrait remédier à cela, ce serait un signe important de restauration de notre République, et une façon forte de contrer les offensives de certains.

Les élus, expert et chercheurs sont-ils seulement écoutés sur le sujet ? Encourent-ils des risques à l’aborder ?

Guylain CHEVRIER : Défendre un point de vue qui s’inscrive dans le respect de nos institutions vis-à-vis de pratiques qui leurs tournent le dos et sont en vogue, et donc aller ainsi à contre-courant, est toujours un risque. Pour ne prendre que ce cas, les thèses indigénistes et décoloniales qui dominent, ont pris une telle expansion dans les universités que certains enseignants se voient contestés dans leur travail d’enseignement et de recherche, au point d’avoir été amenés à créer un Réseau de résistance, « Vigilances universités ». 

Dans leurs préconisations, les sénateurs souhaitent étendre « le champ des enquêtes administratives aux décisions de recrutement et d’affectation concernant des emplois sensibles aux secteurs ayant un lien direct et régulier avec des mineurs (enseignants, animateurs, éducateurs) », la mise en place de contrôle interservices (éducation nationale, URSSAF, services vétérinaires, services financiers et fiscaux) des établissements d’enseignement hors contrat, ainsi que le contrôle de l’identité de toutes les personnes qui travaillent dans ces établissements.

Devant les sénateurs, Roxana Maracineanu, la ministre des Sports, avait annoncé le déploiement d’un plan national de prévention des violences dans le sport en septembre, censé englober « toutes les formes de déviances » dont les discriminations, violences et risques de radicalisation. Mais, avait pris de front la commission d’enquête en développant que « l’idée n’était pas de définir la laïcité » par l’interdiction de « tous signes religieux dans la pratique sportive. Considérant que cela « irait plutôt dans un sens d’exclusion des individus, de notre société (…) Le sport que je défends est un sport inclusif où tout le monde arrive comme il est » avait-elle mis en avant. Derrière ce discours, c’est un choix de société qui se profile, entre chacun sa différence ou la neutralité et la mixité, dans un cadre d’égalité, qui constituent les principes fondamentaux du sport dans notre pays laïque, quoi qu’elle en pense. Il y a du pain sur la planche. Dans leur proposition les sénateurs veulent aller plus loin par l’interdiction « dans les statuts de chaque fédération » « de toute démonstration ou de propagande politique, religieuse ou raciale, telle que prévue par l’article 50 de la charte olympique ». C’est d’autant plus important dans la perspective des JO de 2024 à Paris.

On peut voir combien il faudra encore bien des commissions d’enquête et de la détermination pour faire entendre les voix de la raison à tous les niveaux de pouvoir de notre société. Espérons qu’il ne sera pas trop tard.

Florence BERGEAUD-BLACKLER :  Oui et je vous remercie de poser la question, car la liberté de la recherche est menacée. Outre les menaces de mort qui ont conduit certains de nos collègues chercheurs à solliciter une protection policière permanente, il existe des formes de harcèlement judiciaire, des pressions sur les réseaux sociaux qui peuvent déstabiliser les recherches sur l’islam. Pour imposer leur version politique de l’islam  les frères  ont besoin de détruire tous les autres, ceux des libéraux, des progressistes, des soufis, mais aussi les recherches historico-critiques des universitaires et de substituer à celles-ci l’idéologie intersectionnelle qui vante « leur narratif » de musulmans « racisés ».  Cette idéologie fait des ravages dans toutes les universités du monde et détruit l’intelligence collective.


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