Le Parisien : "C'est une prise de conscience"
- ludovicfrancisco
- il y a 2 jours
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Le journal Le Parisien a publié cette semaine une interview de Florence Bergeaud-Blackler qui fait la synthèse de ce qu'il faut retenir du rapport commandé par le ministère de l'Intérieur sur l'influence des Frères musulmans sur la société française.
Retrouvez ci-dessous l'intégralité de l'entretien, reproduit avec l'aimable autorisation du Parisien.
Qu’est-ce que ce rapport nous apprend ?
Il montre que l’État a pris conscience des stratégies utilisées par les frères musulmans pour construire leur projet de société islamique, par le biais de petites structures, souvent implantées autour d’une mosquée. Elles proposent des cours d’arabe, une éducation religieuse… Autour va se constituer un environnement économique et social, avec des commerces halal, des activités sportives et de loisirs, des structures de services à la personne, d’aide aux devoirs, d’activités périscolaires. Ce rapport met en évidence cette logique de structuration d’une contre-société islamique.
Pourquoi parlez-vous de « contre société » ?
Parce que les frères musulmans sont dans une logique de subversion, et ce depuis leur arrivée en France au début des années 1960. Ils se sont institutionnalisé au début des années 1980, notamment autour de l’Union des organisations islamiques de France. C’est à cette époque qu’éclate l’affaire de Creil (premier épisode où des élèves ont revendiqué le port du voile à l’école, NDLR). Leur programme a été théorisé, il est structuré, on en voit aujourd’hui le résultat.
Vouloir développer une religion, ce n’est pas la même chose que vouloir renverser le pouvoir. En quoi l’action des Frères musulmans menace-t-elle l’État ?
Le prosélytisme ne vous oblige pas, tandis que l’influence consiste à mettre une forme de pression. Il faut toujours garder en tête que les frères musulmans se sont constitués pour recréer le califat, c’est leur projet.
Ils représentent une toute petite minorité en France, à lire le rapport…
Ils sont en tant que tel environ un millier de personnes. C’est une goutte d’eau. Mais ce sont 1 000 personnes prêtes à défaire la cohésion nationale, et qui font travailler ceux que j’appelle les « fréristes », beaucoup plus nombreux. Ce sont des ambassadeurs, qui ont une interprétation de l’islam comme une façon d’être, un système de vie. Il n’y a pas de différence pour eux entre le politique et le religieux.
Comment 1 000 personnes peuvent avoir un tel poids d’influence ?
Ces 1 000 personnes, c’est le moteur. Mais il y a tout ce qui gravite autour. Le rapport évoque 60 000 enfants formés dans les écoles coraniques, qui risquent d’être endoctrinés et de grossir encore ce cercle des fréristes. C’est beaucoup, dans une population qu’on veut extraire de la société en lui faisant croire qu’elle n’est pas aimée.
Est-ce que les discriminations racistes dont sont victimes les personnes d’origine maghrébines font le jeu des Frères musulmans ?
Pas automatiquement. On a tendance à expliquer leur essor par le vide de l’État. Mais ce n’est pas le vide qui explique leur croissance, c’est la séduction qu’ils exercent. L’idéologie des Frères musulmans touche surtout les classes moyennes. Ce n’est pas un problème de pauvreté socio-économique.
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