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Une universitaire prise pour cible - Article de La République des Pyrénées - 13 mai 2023

Dernière mise à jour : 13 avr.


C’était une conférence universitaire banale. Jusqu’à ce que la chercheuse au CNRS, Florence Bergeaud-Blackler ap- prenne que la doyenne de la Sorbonne avait demandé la « suspension » de sa conférence sur les Frères musulmans, thème de son dernier ouvrage sur le « frérisme et ses réseaux », paru aux éditions Odile Jacob, avec une préface de Gilles Kepel.


Une enquête minutieuse sur l’extension de ce mouvement issu de l’internationalisation des Frères musulmans, dont elle décrypte le projet à la fois intellec- tuel et politico-religieux : l’instauration d’une société isla- mique mondiale. Raison invoquée pour cette annulation : la « sécurité ».


Des menaces auraient-elles été proférées ? Pas le moins du monde. D’ailleurs la doyenne n’a même pas contacté l’intéressée !


On pensait que depuis le Moyen Âge, les « franchises universitaires », en l’émancipant de toute ré-férence à la religionavaient consacré l’indé-pendance de l’université àl’égard du pouvoir tempo-rel. L’université a ainsi unstatut particulier qui, notamment, interdit la pré-sence de forces de l’ordre, le chef d’établissement étant chargé du maintien de l’ordre dans son université.


On pouvait penser qu’une telle annulation allait susciter des réactions étudiantes. Pas le moins du monde. Du côté des universitaires, en revanche, on s’est mobilisé puisque 800 d’entre eux ont signé une pétition s’indignant de voir Florence Bergeaud-Blackler « injuriée publiquement par ceux qui n’ont manifestement pas lu ou pas compris l’ouvrage, et l’associent urbi et orbi à un texte « islamophobe » l’amalgamant à la littérature antisémit, allant jusqu’à com- parer son auteur à Drumont (!). Ces outrances appartiennent notamment aux méthodes des Frères musulmans. »


Florence Bergeaud-Blackler vit aujourd’hui sous protec- tion policière. L’universitaire est notamment la cible du politologue François Burgat, qui l’accuse d’« anti-islamisme primaire », qui nourrit la théorie de l’islamophobie d’Etat et veut faire de l’islamophobie à l’égard des musul- mans un équivalent de l’antisémitisme à l’égard des juifs.


L’université est-elle muselée ? L’idée d’une parole aca- démique à l’autonomie de plus en plus menacée, et de chercheurs entravés, a enflé ces dernières années.


Au point que des enseignants-chercheurs, des collectifs, des revues ou des laboratoires en appellent aujourd’hui à sauvegarder les « libertés académiques ». L’assassinat de Samuel Paty, la peur qu’il insuffle et tout ce qui va avec : comme le dit Richard Malka, « l’absence de solidarité des politiques, des journalistes, des intellectuels et des élites de la société française sur des principes simples : on ne menace pas de mort une personne pour ses propos même quand celle-ci a mis en cause l’existence d’Allah ou de tout autre dieu ».


L’enjeu est là.


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